C'est le programme militaire européen le plus ambitieux jamais lancé et il menace de sombrer pour cause d'incompétence, de désorganisation et de défense des intérêts nationaux. Hier à Séville, les patrons d'Airbus et de sa maison mère EADS n'ont pas mâché leurs mots. «L'A400M met aujourd'hui la compétitivité et l'avenir d'Airbus en danger. Si les Etats clients ne décident pas de prendre leur part du fardeau financier d'ici au 31 janvier, nous ne pourrons pas continuer !» ont clamé, pour une fois en chœur, l'Allemand Tom Enders (PDG d'Airbus) et le Français Louis Gallois (président d'EADS). Evidemment, c'est une façon de mettre la pression sur les Etats clients. Mais, en aparté, un dirigeant d'EADS précise : «Il y a six mois, nous avons accepté de continuer à travailler sans être payés par les Etats, le temps que les négociations aboutissent sur le partage du surcoût. Si, le 31 janvier, les politiques ne se sont pas mis d'accord sur qui paie quoi, on arrête le travail, on suspend le programme.» Une menace pas banale dans un milieu aéronautique ultrapolicé.
Boulet. L'avion de transport militaire européen A400M, c'est sept pays partenaires, donc sept armées parties prenantes, et un constructeur, Airbus, constitué de trois sociétés issues d'autant de pays différents. Un foutoir monstre qui fait de ce programme, lancé en 2003, une sorte de boulet accusant près de quatre ans de retard et un surcoût de 5 milliards d'euros (en plus des 2,4 milliards