Menu
Libération

Et qu’est-ce qu’on fait avec le pessimisme ?

Article réservé aux abonnés
publié le 13 janvier 2010 à 0h00

Les années passant, un journaliste acquiert une image. L’un est perçu comme de gauche, l’autre de droite. Celui-ci serait élitiste ; celui-là, démagogue. Je serais, pour ma part, «optimiste».

Critique ou compliment, je l'entends souvent mais, non, je ne le suis pas. Je ne crois pas que l'homme serait foncièrement bon. Je crois encore moins que les horreurs d'hier relèvent du passé alors que le XXe siècle s'est achevé sur un troisième génocide, que le fanatisme religieux prospère à nouveau, que la plus puissante des démocraties avait, il y a peu, réinventé les oubliettes et que le plus peuplé des pays du monde est parvenu à conjuguer dictature politique et capitalisme sauvage. Si quelque chose m'habite, ce n'est pas l'optimisme. C'est, au contraire, la peur d'une barbarie qui peut surgir à chaque instant, aussi vite qu'elle avait resurgi dans les Balkans. Mais d'où me vient, alors, cette étiquette ?

Elle tient aux raisons mêmes qui m’ont conduit à devenir journaliste. Parce que je suis foncièrement pessimiste mais nullement fataliste, parce que je sais qu’il n’y a pas de limites à la barbarie mais ne crois pas à l’inéluctable, la seule question qui m’intéresse vraiment est de savoir où est l’espoir, de le chercher et de le donner à voir lorsqu’on désespère de le trouver.

D’autres journalistes consacrent des mois à démêler les fils d’un crime de guerre, d’un complot politique, d’une corruption aux plus hauts niveaux de l’Etat. Aucun journal ne saurait se passer de leur