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Libération
Billet

La Clio et le sens de l’histoire

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publié le 18 janvier 2010 à 0h00

Depuis samedi soir, la majorité se congratule. Après la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le PDG de Renault, Carlos Ghosn, qui concluait le brûlant dossier de la délocalisation totale de la future Clio en Turquie, on met le volontarisme politique à l'honneur. Et voilà Nicolas Sarkozy en sauveur de l'industrie nationale face au libéralisme économique qui veut que l'on construise des voitures là où le salaire minimum dépasse à peine les 300 euros. Le Président nous prouve encore qu'il n'y a pas de fatalité. L'Etat a d'autant plus le droit au chapitre qu'il a 15 % du capital de Renault et qu'il l'a aidé de plusieurs milliards d'euros. Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, nous avait prévenus : «Des décisions importantes seront arrêtées. Ma volonté c'est que la Clio IV soit produite majoritairement en France.» Il n'en sera rien. Pour les décisions décisives, il faudra repasser. Le Journal du dimanche à Ghosn : «Vous a-t-on demandé de produire plus de voitures en France ?» Lui : «On ne m'a rien demandé de précis.» L'Etat actionnaire ne s'est pas offusqué que la Twingo quitte l'usine France pour la Slovénie. Il s'est peut-être sincèrement réveillé pour la future Clio. En vain. La Turquie continuera de produire plus de Clio que la France. Et le site de Flins se consacrera en priorité à la voiture électrique. C'est devenu en quelque sorte le sens de l'histoire. Mais pas encore la «date historique» qu'a voulu vendre Christian Estros