Fumée blanche ou fumée noire pour le thon rouge ? Voilà une semaine que, pêcheurs d'un côté, écologistes de l'autre attendent fébrilement la position du gouvernement sur l'avenir de ce poisson menacé de surpêche (Libération du 11 janvier). La France doit décider si elle soutient, ou non, l'action de Monaco d'inscrire Thunnus thynnus sur la liste des espèces menacées de disparition (annexe 1 de la convention de Washington) et interdire son commerce international. Un enjeu de taille alors que 80 % du thon rouge de Méditerranée est exporté, principalement vers le Japon. Un enjeu politique fort aussi, à deux mois des régionales, entre l'affichage d'un acte environnemental très attendu des ONG et la menace de mobilisation musclée des pêcheurs.
Lundi dernier, une réunion interministérielle devait permettre à Matignon d'arbitrer. Mais depuis, rien, les ministres concernés se contentant de faire pression par des petites phrases. «Le Président s'est exprimé sur le thon. Je n'ai pas de doute sur la position française», a ainsi assuré, mardi soir lors de ses vœux, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, renvoyant à une déclaration de Sarkozy cet été qui parlait d'«interdire le commerce». Réponse, le lendemain, de Bruno Le Maire, ministre de la Pêche. «Si nous inscrivons le thon rouge en annexe 2 de la Cites, nous interdisons 90 % des exportations de l'Union européenne vers l'extérieur, ce sera déjà un progrès important.» Le ministère de