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Libération
Enquête

Eau : guerre pour une vache à lait

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Veolia et Suez se disputent le juteux marché d’Ile-de-France, chasse (bien) gardée de l’ex-Générale des eaux.
publié le 1er février 2010 à 0h00

C'est «l'événement du siècle». André Santini manie aussi bien l'emphase que l'invective, pestant également contre un «harcèlement indigne d'élus d'ultragauche et de blogs altermondialistes». Lesquels dénoncent son partenariat historique avec Veolia (ex-Générale des eaux) et sa possible reconduction au printemps. Car le député-maire d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), ancien ministre, est président du Syndicat intercommunal d'Ile-de-France (Sedif), regroupant 144 villes de la banlieue parisienne, quatre millions d'usagers et distribuant un million de mètres cubes d'eau par jour. Le plus grand marché en Europe, délégué au privé depuis 1923, bastion historique de l'antique Générale des eaux, boutée hors de Paris par le baron Haussmann au XIXe siècle avant de se refaire en banlieue.

Veolia est au mieux avec Santini, qui s’est un jour égaré à écrire un courrier à ses collègues maires sur papier à en-tête de la compagnie… Sonnez trompettes, donc : pour la première fois, Veolia et Suez s’affrontent directement et franchement pour l’obtention d’un marché, mettant fin à une longue ère de compétition bien tempérée - à chacun son territoire. Le lauréat doit être désigné en avril. La tension monte au point que, mi-décembre, Nicolas Sarkozy en personne a été mis en garde sur les avatars inéluctables de cette lutte fratricide. De multiples recours mijotent en coulisse. Grand barnum en perspective.

Empoignade. Tout a commencé par une décision