Les caves se rebiffent. Un peu partout en France, les communautés urbaines renégocient drastiquement leurs contrats de délégation avec les marchands d’eau. Quand elles ne reviennent pas à une gestion directe via une régie municipale. Longtemps dépassés par le maquis comptable des distributeurs privés, orfèvres en la matière, les élus locaux ont fini par se reprendre en main : il suffit, après tout, d’éplucher les rapports des chambres régionales des comptes ou de commander un audit. Au besoin, elles se font épauler par Jean-Luc Touly, ancien délégué CGT de Veolia, aujourd’hui militant chez les Verts et Anticor.
«Surprofit». Pour l'essentiel, les tractations tournent autour des provisions pour entretien des réseaux d'eau potable, souvent constituées mais pas toujours dépensées. Une cagnotte à récupérer auprès de Suez ou Veolia, donc. A Bordeaux, la communauté urbaine (présidée par le socialiste Alain Rousset) avait commandé un audit selon lequel Suez aurait perçu un «surprofit» de 30 millions d'euros. Il a, depuis, obtenu que le concessionnaire réinvestisse 230 millions d'ici dix ans dans l'entretien du réseau. Tout en laissant planer le doute sur un retour en régie.
A Paris, Betrand Delanoë a fait coup double : en 2003, restitution de 150 millions d’euros auprès de Suez et Veolia, qui se partageaient la capitale ; en 2010, retour en régie municipale. A Toulouse, Veolia a spontanément proposé une baisse de 25% du prix de l’eau. Le maire, Pierre Cohen,