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TRIBUNE

Retraites : la piste inexplorée de l’égalité

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par Christiane MARTY, membre du conseil scientifique d’Attac
publié le 1er février 2010 à 0h00

Le gouvernement a annoncé la «réouverture» du dossier retraites en 2010 et prévenu que l'âge de départ à la retraite sera «mis sur la table sans tabou»… En dépit du bilan négatif des précédentes réformes sur le niveau des pensions et de leur inefficacité pour permettre un financement pérenne, le schéma reste la même : allongement régulier de la durée de cotisation, recul de l'âge de départ à la retraite. L'idée que ces mesures sont indispensables pour prendre acte du vieillissement de la population semble logique a priori. C'est pourtant une fausse évidence, qui joue sur un amalgame et une occultation.

Amalgame, car repousser l’âge officiel de départ à la retraite ne repousse pas l’âge de fin d’activité. En théorie, on applique le principe «plus de cotisants, moins de retraités». En pratique, la majorité des actifs âgés n’a pas le choix de travailler plus longtemps car elle n’est déjà plus en emploi : en 2006, seulement 40% des personnes actives de 60 ans se trouvaient encore employées. Au lieu de viser à augmenter le nombre de cotisants toutes catégories, le gouvernement et le Conseil d’orientation des retraites (COR) se focalisent sur le taux d’emploi des seuls seniors, affiché comme un levier essentiel pour assurer l’équilibre financier des retraites. Au détriment d’autres leviers, pourtant plus légitimes, cohérents et favorables au bien-être de la société, comme lutter contre le chômage des jeunes et améliorer l’emploi des femmes. Ceux-là ne retiennent même plus