Nobel de la paix, Muhammad Yunus n'est ni un théoricien ni un idéologue. Un praticien. Qui s'interroge, et tente d'apporter des pistes de réponses. Pourquoi rien ne change alors que tout devrait changer face à une économie qui «ressemble à un château en papier dans le ciel» ? Comment le leadership politique reste englué dans un monde où les nouvelles générations ne se reconnaissent plus ? Peut-on concilier business et social et promouvoir une économie à visage humain ?
Comment l’inventeur du microcrédit analyse-t-il la macrocrise actuelle ?
La crise, c’est l’échec du système. Nous continuons comme s’il n’y avait pas de problème mais cet effondrement du système montre bien que, fondamentalement, quelque chose ne marche pas. Nous avons un bouquet de crises : alimentaire, financière, sociale, climatique, etc. Le point commun entre ces crises, c’est qu’elles sont enracinées dans l’architecture du monde économique basé sur l’obsession du profit.
Que faut-il faire pour vraiment sortir de cette logique ?
Cette crise est une chance pour redessiner le système. Il faut repenser les institutions financières, repenser les agences de notation, repenser les banques. Elles ne devraient pas être grosses au point que le gouvernement soit obligé d’intervenir si elles s’écroulent. Elles doivent être plus petites, avec des activités et des spécialités différentes. Elles doivent intégrer les plus pauvres sans accès aux services financiers. Nous avons mis d