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Libération
Interview

«Les effets de la crise dureront longtemps»

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Pour Philippe Hugon, économiste, la récession a contaminé les pays du Sud :
publié le 5 février 2010 à 0h00

Philippe Hugon, professeur à Paris-X-Nanterre et spécialiste de l’économie du développement (1) précise la situation des pays émergents.

La crise argentine a-t-elle un lien avec la crise mondiale ?

Oui, comme partout, n’en déplaise à ceux qui croyaient au découplage entre les économies du Nord et du Sud. Face à la grave récession, les pays du second monde, les émergents, ont adopté des politiques de relance par la dépense budgétaire. Ils ont pratiqué des politiques monétaires accommodantes en diminuant fortement les taux d’intérêt dans l’espoir de relancer la demande de crédit et donc l’activité. La plupart avaient des réserves de change. Les gouvernements sont tentés aujourd’hui de mettre la main sur les liquidités détenues dans les coffres des banques centrales.

Uniquement pour boucler les fins de mois ?

Non. Les émergents ont fait comme nous, mais à un moindre degré. Pris dans la spirale de la déflagration financière, ils ont socialisé les pertes de leur secteur financier pour restaurer la confiance et éviter une rareté du crédit.

Ont-ils évité le pire ?

Peut-être, si l’on constate la reprise économique, mais ce n’est pas certain. En fait, la crise a contaminé les pays du Sud par le biais de deux canaux. Le premier est commercial : la chute des exportations. Le second est financier : des banques avaient, et ont sans doute encore, des titres douteux. Il y a eu une chute des investissements étrangers. Enfin, certains pays en développement connaissent des baisses importantes des transferts financiers des migrants. Pour le Lesotho, la baisse de ces transferts atteint 6% du PIB. Toutes ces situations rend