C'était l'heure de vérité, vendredi, à Toyota City. Mission contre-attaque sur mode mineur. La salle était à peine éclairée. Face à un parterre de journalistes japonais et étrangers, devant une scène en bois cachée par un grand et lourd rideau noir, dans une atmosphère pesante, presque funèbre, Akio Toyoda, le patron de Toyota, et Shinichi Sasaki, le vice-président du constructeur, se sont avancés, gênés, presque forcés. Tour à tour, ils ont présenté des «excuses», avant de s'incliner en coup de vent sans se prosterner. La tradition au Japon veut qu'un grand patron implore ainsi le pardon du public en cas de faute grave. Les deux hommes se sont assis sans un bruit - respiraient-ils encore ? - à une petite table recouverte de blanc évoquant un linceul, avant de se justifier et d'esquiver certaines questions gênantes.
Pédales incontrôlables. La voix hésitante, très ému, s'exprimant par saccades, Akio Toyoda est sorti de son silence, lourd de signification depuis des jours, pour endosser la responsabilité de ce qui est devenu «l'affaire Toyota», plus de 8 millions de voitures maison rappelées à l'usine depuis l'automne, afin d'éviter le pire (accidents, morts, blessés sur les routes), pour cause de tapis au sol à risques, de pédales d'accélérateur incontrôlables, de systèmes de freinage défectueux. Et comme si les mauvaises nouvelles ne suffisaient pas, les deux dirigeants ont confirmé, vendredi, l'existence d'un défaut dans le