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Libération

Bons et mauvais usages des plans de rigueur

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publié le 9 février 2010 à 0h00

La panique sur les dettes grecque, espagnole et portugaise la semaine dernière marque un tournant dans la crise et va compliquer les stratégies macroéconomiques des gouvernements européens. Les agences de notation n’ont pas fait leur travail et essaient aujourd’hui en surréagissant de faire oublier leur incompétence : les mensonges des statistiques grecques et les difficultés de l’économie portugaise étaient connus depuis des années.

Le paradoxe est qu’il n’y a pas raison que l’un de ces pays connaisse un défaut de paiement sauf si… sauf si justement les marchés paniquent, exigent des primes de risque énormes (la Grèce doit déjà emprunter à dix ans au taux de 6,7%, c’est-à-dire près du double de l’Allemagne), rendent difficile et coûteux le paiement des échéances et précipitent un défaut de paiement, validant ainsi la panique initiale.

Il y a fort à parier qu’à la suite de cette panique, les pays européens vont se lancer dans une surenchère de plans de rigueur. C’est dans cette ambiance délétère que le programme fiscal français a été envoyé la semaine dernière à la commission, prévoyant de ramener le déficit public de 8,2% du PIB cette année à 3% en 2013. Entre 2010 et 2011, il est censé passer à 6%.

On peut déjà dire que cet ambitieux plan de rigueur a peu de chances d’être réalisé et s’il l’était, la croissance serait bien inférieure aux 2,5% prévus pour 2011. Pour comprendre pourquoi, rappelons-nous que si la récession de 2009 ne s’est pas transformée en dépression, c’est pa