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Candidat forcé à son propre poste

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La poste . Philippe a dû passer un entretien d’embauche pour essayer de conserver l’emploi qu’il occupe depuis vingt-cinq ans.
publié le 9 février 2010 à 0h00

Le Medef en rêverait, la Poste l'a fait. Après vingt-cinq ans d'ancienneté, dont quinze sur le même emploi, Philippe, chef d'équipe dans un centre de tri à Annecy, a dû repostuler… pour son propre poste. «Fin 2009, la direction du centre a lancé un appel à candidature interne où figurait mon emploi», raconte l'intéressé, qui n'en revient toujours pas. La liste, que Libération s'est procurée, est même intitulée «comblement» des postes. «Alors même que je l'occupe encore», s'insurge le chef d'équipe. Résigné, Philippe rédige alors la première lettre de motivation de sa vie. Devant le jury qui l'auditionne fin janvier, il doit décliner, tel un premier postulant, ses «points forts» et ses «points faibles». «Comme si, après vingt-cinq ans dans l'entreprise, ils ne les connaissaient toujours pas.» La sentence tombe dix jours plus tard, dans un courrier laconique qui lui «confirme», sans plus d'explication, que sa «candidature n'a pas été retenue». Pour ajouter au malaise, le courrier, daté du 2 février, fait référence à un entretien du 4 février… Seul motif délivré au fonctionnaire, mais à l'oral seulement : «manque de motivation». En à peine un mois et demi, Philippe est ainsi remercié, et invité à une série d'entretiens avec «la conseillère mobilité».

«Culture». Au siège, on justifie cette procédure «pour cause d'évolution des postes de travail», bouleversés par «la mode