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Interview

Christian de Perthuis: «Le marché du carbone a réduit les émissions»

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Questions à Christian de Perthuis économiste, coauteur du «Prix du carbone»
publié le 10 février 2010 à 0h00

Accusé d'inefficacité, attaqué par des hackers, victime d'une fraude à la TVA, le marché européen du CO2 serait-il bon à «supprimer», comme l'a réclamé Michel Rocard ? Certainement pas, à en croire les auteurs de l'étude internationale le Prix du carbone (éditée en France par Pearson), dévoilée aujourd'hui lors d'une conférence à Paris. Décryptage avec Christian de Perthuis, professeur d'économie à Paris-Dauphine, un des coauteurs de l'étude, qui porte sur la phase de lancement du système européen de quotas (2005-2007).

Quel bilan tirez-vous des trois premières années du système ?

Même s’il n’a pas atteint tous ses objectifs, le marché du carbone est globalement une réussite. Un marché de référence a été créé, qui donne un prix au carbone, les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie ont diminué, et l’Union européenne a désormais un outil pour des politiques climatiques. Il garde des défauts, le premier étant une ambition modérée de réduction des émissions. Mais il va en s’améliorant.

Comment mesurer les émissions de CO2 évitées ?

En combinant plusieurs méthodes d'observations a posteriori (analyse macroéconomique, modélisation du secteur électrique…), nous avons abouti à un ordre de grandeur qui est loin d'être symbolique : entre 120 et 300 millions de tonnes de CO2 évitées sur 2005-2007. Ce n'est sans doute pas suffisant, mais aucune autre politique ne peut se prévaloir d'une telle réussite. D'autant que cela n'a pas affecté la compétitivité. Nous avons retourné les données dans tous les sens, il n'y a eu aucune pénalisation des secte