Menu
Libération
Analyse

L’Union ne fait pas la solidarité

Article réservé aux abonnés
Les statuts, qui laissent les Etats européens gérer souverainement leur politique économique, ne permettent pas d’éponger les dettes d’un des leurs.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 11 février 2010 à 0h00

Pourquoi l’Union a-t-elle paru aussi dépassée par l’ampleur de la crise de la dette grecque ? Tout simplement parce que l’architecture et la gouvernance économique de la zone euro limitent ses moyens d’action. Surtout en temps de crise.

Pourquoi l’Europe a été inaudible pendant toute la crise grecque?

Pour les marchés, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), est bien «Monsieur Euro». La preuve? Son retour anticipé d'un voyage en Australie, mardi, afin de pouvoir assister au Conseil européen d'aujourd'hui, a suffi à calmer les attaques spéculatives contre la dette grecque. «Monsieur Euro, c'est moi», avait d'ailleurs lancé Trichet aux journalistes, en 2004, au lendemain de la première élection du Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, comme président permanent de l'Eurogroupe, l'instance qui réunit les ministres des Finances. Une sortie pour signifier que le pouvoir politique était désormais hors jeu sur les questions monétaires. Le problème est que la crise actuelle est certes financière, mais aussi très politique: il s'agit d'une crise de confiance dans la capacité de la zone euro à coordonner ses politiques économiques afin d'éviter qu'un pays (en l'occurrence la Grèce) se comporte en «passager clandestin» en faisant n'importe quoi au détriment de ses partenaires. En clair, l'absence de gouvernement économique est sanctionnée par les marchés qui ne croient absolument plus au pouvoir de contra