C’était la grande critique faite à l’Union, telle qu’elle se bâtit du moins. On ne peut pas avoir d’unité monétaire, disaient les adversaires du traité de Maastricht, sans avoir de fiscalités convergentes, de politique industrielle commune, de choix budgétaires compatibles, de niveaux comparables de protection sociale - sans marcher, en un mot, vers l’unité politique.
Ils avaient raison mais avaient oublié, là, que les pères de la monnaie unique n’ignoraient, bien sûr, pas cette évidence. Helmut Kohl et François Mitterrand avaient l’Europe politique pour ambition mais, faute de pouvoir la réaliser d’un coup, ils avaient escompté que l’union monétaire porterait l’union politique, en ferait voir le besoin et la créerait, et le fait est que ce pari s’avère.
L’affirmation de la Chine, de l’Inde et du Brésil a largement confirmé, depuis, que seuls les Etats continents pourraient peser dans ce siècle. La crise de Wall Street a causé de tels dégâts, sociaux et budgétaires que les Vingt-Sept cherchent à rapprocher leurs politiques pour répondre à ce nouveau défi. Les attaques spéculatives contre les maillons les plus faibles de l’eurozone menacent tant la monnaie unique que l’Union doit prendre, à chaud, des décisions communes. Le pari de Maastricht s’avère si bien que l’Allemagne et la France avaient entrepris, depuis l’été, de remettre la politique aux commandes de l’Union et que l’idée d’un «gouvernement économique» de l’Europe s’est imposée, jeudi, à la dernière réunion des 27 che