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Libération
Interview

«Le danger, c’est la crise sociale et politique»

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Patrick Pélata, directeur général de Renault, justifie la stratégie du constructeur automobile. Après une année noire, il ne prévoit pas de reprise en 2010.
Le directeur général de Renault Patrick Pélata. (© AFP Stephane de Sakutin)
publié le 1er mars 2010 à 0h00

Ces dernières semaines, le constructeur automobile Renault a été voué aux gémonies par le gouvernement, soudainement scandalisé que le groupe, dont il est actionnaire à 15%, délocalise sa production en Europe de l’Est. Ceci alors que l’Etat lui a prêté trois milliards d’euros au plus fort de la crise, indemnise le chômage de ses salariés et subventionne une part du futur du véhicule électrique. Visites d’usine inopinées par le ministre de l’Industrie ; rendez-vous entre Nicolas Sarkozy et le PDG, Carlos Ghosn ; admonestations publiques ; déclarations victorieuses à l’emporte-pièce… A la veille du Salon automobile de Genève, le directeur général du groupe, Patrick Pélata, répond à nos questions.

Après une année 2009 difficile, 2010 s’annonce encore pire ?

Il y a encore quelques semaines, on prévoyait un marché européen à -10% en 2010 [contre -1,7% en 2009, ndlr]. C'était en supposant qu'il y ait une reprise économique. Mais les informations que nous avons aujourd'hui sont moins bonnes qu'il y a deux ou trois mois. Le scénario d'une reprise est de plus en plus repoussé dans le temps. Cela nous rend relativement prudents. Pour acheter une automobile il faut un pouvoir d'achat suffisant. Or, il ne remonte dans aucun pays. En Angleterre ou aux Etats-Unis, les ménages sont endettés, parfois au-delà de la valeur de leur maison. Enfin, le chômage ne donne pas l'impression de repartir à la baisse. Chez Renault, nous aurons encore du chômage partiel en 2010 [une moyenne de 45 jours dans les usines]. En fait, nous aurons en 2010