Médiations échouées, jugements reportés, procédures en appel, pourvois en cassation, commandements à payer contestés… C’est l’histoire d’un acharnement judiciaire. Depuis près de cinq ans, le groupe Doux-Père Dodu, premier producteur de volailles en Europe, affronte plus d’un millier de ses salariés (parfois ex-salariés, voire salariés défunts) à la barre des tribunaux. Chaque recours est usé, épuisé. Chaque juridiction écumée. Au cœur du conflit : la demi-heure de pause quotidienne, que Doux ne rémunère plus à ses travailleurs depuis juillet 2004.
Le 23 février, la cour d'appel de Rennes a condamné le groupe Doux à payer des arriérés de salaires d'environ 3 000 euros à cinq de ses ex-salariés - leur usine de production de dindes a fermé en novembre 2008. Ils sont les premiers à avoir porté l'affaire devant les prud'hommes, en septembre 2004. En apprenant la délibération, Michel Le Guellaud, l'un des employés concernés, s'est senti soulagé. «Je me dis que tous les combats ne sont pas perdus d'avance», soupire cet ancien opérateur qui a travaillé sur une chaîne de découpe pendant trente-trois ans, payé au Smic et qui, aujourd'hui à 52 ans, pointe au chômage.
Prud’hommes en 2004… cour d’appel en 2010
En rendant sa décision, la cour d’appel de Rennes annonce surtout l’épilogue d’un cauchemar judiciaire, car d’autres juridictions vont pouvoir s’appuyer sur son délibéré pour indemniser un total de 1 100 salariés floués de six usines. Ainsi, les prud’hommes de Quimper, de Lorient et de Laval, qui attendaient la déc