On a beau être un grand patron, rompu aux exercices les plus périlleux, on n'en reste pas moins travaillé par son inconscient. Louis Gallois en a fait hier la drôle d'expérience. Présentant à la presse le bilan de son groupe, le président d'EADS a tout simplement… oublié d'annoncer les pertes encaissées en 2009. Un petit 763 millions d'euros qui ne tenait que sur une ligne et qui lui avait échappé. «Oups ! Excusez-moi, ce doit être psychologique», s'est-il excusé en réalisant son erreur. On le comprend, ce déficit l'empêche de verser un dividende à ses actionnaires.
Il faut dire que Gallois vient de vivre des moments difficiles. Il a obtenu à l'arraché des Etats clients de l'A400M qu'ils l'aident à financer les retards et surcoûts de cet avion de transport militaire européen (qui expliquent les pertes). Et il vient juste, avec son partenaire américain Northrop Grumman, de claquer la porte du Pentagone, en mettant un point final à une affaire vieille de dix ans : un appel d'offres pour 179 avions ravitailleurs. A deux reprises déjà, celui-ci avait été annulé : il avait été attribué une première fois à Boeing en 2003, une deuxième à EADS en 2008. Aujourd'hui, Boeing reste donc seul en lice. «Le contrat est biaisé en sa faveur», dit-on à la tête du groupe.
Cela a un certain panache certes, mais EADS passe du coup à côté d'un contrat évalué à 35 milliards de dollars (26 milliards d'euros) qui lui aurait ouvert les portes du marché militaire américain si tant est