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INTERVIEW

«Il y a eu des paroles sur la régulation, pas d’actes»

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Jean-Pierre Jouyet, patron de l’Autorité des marchés financiers (AMF), dénonce le manque de contrôle des acteurs boursiers.
Jean-Pierre Jouyet, en mai 2007. (Reuters)
publié le 11 mars 2010 à 0h00
(mis à jour le 11 mars 2010 à 7h34)

Après la crise des subprimes et la crise grecque, l’Europe et les Etats-Unis divergent de plus en plus sur les moyens de réguler la planète finance. Rencontre avec Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme français de la Bourse.

Vous revenez d’une tournée à New York. Le climat a-t-il changé un an et demi après la chute de Lehman Brothers ?

On est plus optimiste en Europe sur la reprise américaine qu’aux Etats-Unis. Là-bas, le chômage inquiète et la sortie de crise est perçue comme incertaine. Deux éléments ont vraiment changé. D’abord, le contrôle des risques bancaires, hier secondaire, est devenu primordial. Par ailleurs, les opérateurs américains examinent désormais de très près la solidité des établissements financiers, c’est-à-dire le niveau de fonds propres nécessaire pour couvrir leur risque. Mais politiquement, le fait majeur, c’est qu’aucune des grandes réformes envisagées par le gouvernement Obama pour réguler la finance américaine n’a été adoptée par le Congrès. Il y a eu beaucoup de paroles, mais pas d’actes.

Pourtant, avec le plan Volcker, Obama a lancé un projet de régulation de Wall Street ambitieux…

A mon sens, il y a peu de chance que ce plan [dont une des propositions phare est de séparer les activités commerciales des banques de leurs activités d'investissement, ndlr] soit suivi d'effet. Les opérateurs ne veulent pas en entendre parler. Et la Federal Reserve [ou Fed, la banque centrale américaine] ne manifeste pas un fort soutien. Autre chose : les divergences entre Européens et Américains, au lieu de s'atténuer, se creusent, comme sur la question des normes comptables.

Etes-vous favorable, comme le préconise le plan Volcker, à l’interdiction faite aux banques de financer des hedge funds et de spéculer pour leur propre compte ?

Ça va plutôt dans le bon sens. Mai