Vincent Bolloré, négrier moderne ou patron social ? Le tribunal correctionnel de Paris vient de tourner autour de la question durant deux jours. Sur plainte en diffamation du groupe Bolloré contre un reportage diffusé l'an dernier sur France Inter, consacré à ses activités au Cameroun (plantations, chemin de fer et logistique portuaire) le présentant comme un «empire peu soucieux du bien-être et du développement local, héritier de la Françafrique». Réaction indignée de Dominique Laffont, numéro 2 du groupe : «En Afrique, nous sommes une entreprise citoyenne.» Les deux parties ont fait défiler des dizaines de témoins camerounais (syndicalistes, dirigeants, politiques, journalistes) à charge et à décharge. Happening à la barre.
Croûtons. Laffont entame les hostilités : «Il y a peu d'actionnaires capables d'investir 200 millions d'euros par an en Afrique. Et pour gagner quoi ? Notre rentabilité est de 5%. La plupart des opérateurs en Afrique ne s'intéressent qu'aux télécoms et à l'énergie, 45% de marges. Pourquoi si peu investissent dans la logistique ? Parce que c'est un métier ardu.» Il est beaucoup question de salaires. Dans ses activités de transports, Bolloré rémunère ses employés deux à quatre fois le smic local. Ce n'est donc pas le pire des employeurs africains, loin de là. Mais c'est quand même un employeur africain : quatre croûtons de pain ne font pas une bonne miche. A chacun son syndicaliste. France Inter fait témoigner le