La politique industrielle est revenue au centre des débats publics à l'occasion de la publication du document de travail de la DGTPE (Direction générale du Trésor et de la politique économique) sur la désindustrialisation en France, écrit par Lilas Demmou, analysant les raisons de la baisse de l'emploi industriel et de la présentation par Nicolas Sarkozy de mesures pour enrayer le déclin de l'industrie. Cela ne rate pas : à chaque fois que l'on parle de politique industrielle, il y en a toujours un pour sortir que l'Etat ne peut pas «choisir les gagnants», secteurs, techniques ou firmes, sinon c'est la catastrophe à la soviétique qui menace ; la référence à l'URSS constituant l'équivalent du point Godwin dans les forums de discussion, une Reductio ad gosplanum.
Pourtant si on se tourne vers les Etats-Unis et non vers l'URSS, on constate à quel point la sentence de Gary Becker, «la meilleure politique industrielle est de ne pas en avoir», est fausse. La perte de compétitivité industrielle et technique y a toujours été combattue par une action publique, par exemple à la fin des années 1950 lorsque les Soviétiques ont envoyé leur Spoutnik dans l'espace et dans les années 1980 quand l'industrie japonaise semblait devoir ramener l'industrie américaine au rang de faire-valoir. Dans les deux cas des organismes publics et parapublic, des lois, règlements et pratiques ont favorisé le développement des produits et des procédés nouveaux et les firmes qui devaient les c