A Pantin se cache un village gaulois. Une centaine de techniciens de Téléperformance, le leader mondial des centres d'appels présent dans 47 pays, sont retranchés depuis neuf mois sur un étage d'un immeuble de bureaux de cette commune de Seine-Saint-Denis. Ils sont entrés en résistance en juin 2009, à l'annoncede la fermeture du site et du transfert de leurs postes à Villeneuve-d'Ascq, près de Lille. Même entêtement à Montigny-le-Bretonneux et à Guyancourt, dans les Yvelines, où les salariés - téléopérateurs et managers unis - multiplient les actions chocs et les recours judiciaires. Ils sont tous ulcérés d'être mis dehors avec des indemnités «cacahuètes» s'ils refusent de déménager pour Orléans (Loiret). Au total, 475 des 8 000 salariés de Téléperformance France sont sur la touche (175 suppressions de postes prévues dans l'encadrement et 318 «mobilités forcées» chez les employés) auxquels se sont encore ajoutés 110 postes en janvier. Etrange conflit rampant, multiforme, inclassable, invisible des clients. Pas de séquestration de patron, ni de chantage à la bonbonne de gaz, mais une résistance au long cours médiatisée par petites bouffées, une grève perlée qui ne dit pas son nom.
Au 41 de la rue Delizy, à deux pas du canal de l’Ourcq à Pantin, les vigiles, présents ponctuellement, ont levé le camp. On accède aux locaux clairs, spacieux, sur un simple coup de fil à un élu des salariés. Les techniciens sont là. Ils viennent tous les jours au travail, samedi co