Pourquoi Angela Merkel durcit le ton et joue de la corde populiste, fustigeant les mauvais élèves de la classe euro, tapant sur les doigts de ceux qui dénoncent son modèle économique ? Parce que la chancelière est en campagne électorale. Angela Merkel doit en effet conserver le 9 mai la majorité aux élections régionales de Rhénanie-du-Nord-Westphalie dans l’ouest de l’Allemagne. Faute de quoi la CDU et les libéraux du FDP au pouvoir à Berlin perdront la majorité au Bundesrat, la seconde chambre du Parlement allemand.
Or, les sondages prédisent en ce moment un glissement à gauche de cette région, la plus peuplée du pays. Les Allemands, très soucieux d'orthodoxie financière, sont particulièrement hostiles à toute idée d'une aide financière pour la Grèce. 80% d'entre eux sont opposés, selon les derniers sondages, à ce que l'argent du contribuable coule en direction d'un pays réputé, vu de Berlin, pour la longueur de ses grèves et ses siestes. L'image xénophobe du Grec fainéant face à l'Allemand travailleur est exploitée depuis des semaines par la presse populaire, notamment par le puissant Bild, 12 millions de lecteurs chaque jour. Au-delà, Merkel doit faire face aux réticences de son partenaire de coalition, le Parti libéral, qui a fait des baisses d'impôt son cheval de bataille. L'appel à l'orthodoxie financière de l'Allemagne, qui irrite ses voisins, tombe au moment où le Bundestag s'apprête à voter, aujourd'hui, un déficit budgétaire record de 80 milliards d'euros.