Quand la présidente argentine, Cristina Kirchner, a affirmé au début du mois que «la consommation de viande de porc améliore l'activité sexuelle», beaucoup ont pris cette déclaration insolite pour un trait d'esprit, et certains ont craint pour sa santé mentale. Mais les observateurs les plus perspicaces ont su y lire l'anticipation du problème qui frappe aujourd'hui l'Argentine de plein fouet, un souci qui touche au symbole national par excellence : le steak.
Depuis le début de l'année, le prix de la viande a en effet augmenté de 50 à 70% selon des organismes de sondage indépendants, même si l'Indec, l'institut officiel dont la légitimité est mise à mal, chiffre cette hausse à seulement 7%. Cette augmentation terrible du prix de la viande de bœuf a transformé le traditionnel barbecue entre amis en repas luxe, plongeant une population habituée à ses six portions de viande rouge hebdomadaire dans la détresse. «Je suis mère de trois enfants, et nous avons été obligés de freiner notre consommation. C'est un problème parce que je ne sais pas bien cuisiner le poulet, j'ai dû demander des recettes à une amie, se lamente Norma, 45 ans, devant l'étal du boucher. Aujourd'hui, j'achète de la viande hachée parce que ma famille me réclame de la viande, et c'est ce qu'il y a de moins cher.»
production de soja. A 60 pesos (12 euros) le kilo de lomo (filet), contre 30 pesos il y a encore quelques mois, le morceau roi est inaccessible pour l