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Libération

Comme un temps de cochon sur la planète finance

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Termes incompréhensibles du marché, spéculateurs qui jouent à tout-va, mauvais élèves européens mis au piquet… Ainsi va la crise.
par Tancrède VOITURIEZ
publié le 25 mars 2010 à 0h00

Les crises sont fécondes disait-on, elles provoquent sursauts, innovations, et changements, toutes ces réformes profondes et nécessaires qu’autrement imposent les guerres ou les révolutions. Restons polis : mon cul.

Roosevelt a tordu le cou à la crise de 29 en encadrant la spéculation sur les marchés des produits dérivés et en décourageant les excès de la cupidité par des taux d’imposition qu’aucune gauche démocrate n’ose prononcer, même en fin de banquet électoral avec un bon coup dans le nez. Soixante-dix ans plus tard, Gordon Brown, grand artisan de la dérégulation de la City, ajourne la timide initiative européenne de régulation des hedge funds ; Obama renonce à réguler Wall Street ; et en France, en France, mon dieu, on sert les fesses, nous dit Fillon, en espérant placer nos bons du Trésor cette année encore lors des prochaines adjudications.

Du chinois. Il y a un an seulement, droite et gauche parlaient de remettre le capitalisme à l'endroit, de lui faire désenfler les chevilles et la tête pour le faire tenir d'aplomb. Ici, un nouveau juron. Il n'a échappé à personne que le premier problème de cette crise, et sa grande puissance, c'est qu'à peu près personne n'y comprend quelque chose. D'abord c'est une crise en anglais. L'anglais de Wall Street («Wall Street English !» claironne une publicité dans le métro, avec un type qui nous tire la langue) est incompréhensible, les concepts de la finance tout autant. Les mortgages, les value