Appelée au chevet des finances grecques, l’Union européenne subit l’épreuve du feu. Elle a peu de chance d’en sortir grandie. Au-delà de l’aspect technique de l’intervention de sauvetage qui sera discutée aujourd’hui et demain à Bruxelles par les dirigeants européens, une formidable bataille idéologico-politico-financière se joue entre l’Allemagne, la France et la finance internationale. Les marchés laissent une dernière chance à l’Union avant de dégommer - ou non - l’euro. Ils veulent une preuve de cohérence, ou même d’entente, entre les pays. C’est tout le contraire qui se dessine.
La chancelière Angela Merkel a mis le feu aux poudres la semaine dernière quand elle a rejeté, après l'avoir accepté en février, le principe de solidarité européenne. Pour l'Allemande, l'Europe n'a pas vocation à renflouer les caisses d'un pays qui aurait truqué ses comptes pour entrer dans l'Union et pour y rester. «L'Europe doit apprendre de la crise», selon son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, soit : sanctionner le non respect du pacte de stabilité et exclure les mauvais élèves. Le durcissement de position de Berlin a stupéfait ses partenaires mais ravi les électeurs allemands. Angela Merkel est aussi dure à l'extérieur que fragile à l'intérieur. La «Femme de fer» plie sous la pression d'une rue chauffée à blanc par une campagne anti-Grèce pilotée par différents groupes de presse nationaux. Ils ont monté en épingle la grandeur du modèle germanique, stigmatisé les comportement