Menu
Libération

L’Europe prend l’eau au Pirée

Article réservé aux abonnés
Oublié le principe de solidarité si, sous la pression de Berlin, l’UE s’en remettait au FMI pour sauver la Grèce.
par Flore VASSEUR
publié le 25 mars 2010 à 0h00

Appelée au chevet des finances grecques, l’Union européenne subit l’épreuve du feu. Elle a peu de chance d’en sortir grandie. Au-delà de l’aspect technique de l’intervention de sauvetage qui sera discutée aujourd’hui et demain à Bruxelles par les dirigeants européens, une formidable bataille idéologico-politico-financière se joue entre l’Allemagne, la France et la finance internationale. Les marchés laissent une dernière chance à l’Union avant de dégommer - ou non - l’euro. Ils veulent une preuve de cohérence, ou même d’entente, entre les pays. C’est tout le contraire qui se dessine.

La chancelière Angela Merkel a mis le feu aux poudres la semaine dernière quand elle a rejeté, après l'avoir accepté en février, le principe de solidarité européenne. Pour l'Allemande, l'Europe n'a pas vocation à renflouer les caisses d'un pays qui aurait truqué ses comptes pour entrer dans l'Union et pour y rester. «L'Europe doit apprendre de la crise», selon son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, soit : sanctionner le non respect du pacte de stabilité et exclure les mauvais élèves. Le durcissement de position de Berlin a stupéfait ses partenaires mais ravi les électeurs allemands. Angela Merkel est aussi dure à l'extérieur que fragile à l'intérieur. La «Femme de fer» plie sous la pression d'une rue chauffée à blanc par une campagne anti-Grèce pilotée par différents groupes de presse nationaux. Ils ont monté en épingle la grandeur du modèle germanique, stigmatisé les comportement