Daniela Schwarzer est chercheuse à l’institut Wissenschaft und Politik (l’institut de sciences et de politique) de Berlin.
Une écrasante majorité des Allemands sont opposés à l’idée d’aider la Grèce… Les Allemands ont-ils cessé d’être pro-européens ?
Il y a, en Allemagne, une très forte culture de la stabilité budgétaire et monétaire… De ce fait, qu’un pays mène une politique budgétaire non responsable, voire triche avec son budget suscite une profonde méfiance chez les Allemands. Au-delà de la crise grecque, on constate avec la crise financière, une érosion du sentiment pro-européen en Allemagne. On oublie que si l’Europe nous apporte quelque chose - et l’Allemagne ne pourrait pas vivre sans l’Europe -, il est normal que l’Europe nous coûte aussi quelque chose.
La presse populaire a mené une vive campagne anti-Grèce, a-t-elle attisé ce ressentiment ?
Les politiques oublient parfois qu’ils peuvent aussi influencer l’opinion. Le gouvernement a tendance à dire : l’opinion est contre une intervention en faveur de la Grèce, on ne peut rien faire contre. Ils pourraient expliquer davantage que l’Europe apporte beaucoup à l’Allemagne. Ils devraient assumer davantage leur responsabilité puisque l’Allemagne est le pays qui pèse le plus lourd en termes économiques et politiques. En ce moment, les questions de fond sur l’Europe ne sont pas une priorité du débat européen en Allemagne, même s’il y a quelques initiatives concrètes telles que la régulation financière.
L’Allemagne n’est donc plus un moteur européen, comme à l’époque de Helmut Kohl ?
Les choses ont changé depuis la fin des années 90, sous le gouvernement SPD Schröder, quand l’Allemagne a commencé à regarder l’aspect financier de l’intégration européenne. Mais on a aussi l’obligation d’assumer ses responsabilités pour le pr