Procès à huis clos, menaces d’infliger la peine de mort, pressions diverses : les méthodes employées de longue date par le pouvoir chinois contre les dissidents sont-elles désormais utilisées par Pékin pour mater les entreprises étrangères trop âpres au gain ? On pourrait le croire à la lumière de l’étrange procès pour corruption de quatre employés du géant minier australien Rio Tinto, dont le verdict est attendu aujourd’hui à Shanghai.
Pertes. Rappel des faits. Les quatre salariés - trois Chinois et un Australien - sont arrêtés le 8 juillet dans leurs bureaux à Shanghai. Ils sont accusés de «vol de secrets d'Etat», un crime passible de la peine de mort, et d'avoir corrompu 16 aciéristes chinois afin de leur faire accepter des prix de vente de minerai de fer très élevés. Cette manipulation aurait fait perdre à la Chine 80 milliards d'euros en 2009, dénonce un officiel chinois. Pékin a bien encaissé de lourdes pertes, mais les raisons sont différentes. La Chine, plus gros importateur mondial de minerai de fer, achète les deux tiers de la production du géant mondial Rio Tinto. Sûr de lui, Pékin a refusé en 2009 le prix d'achat annuel que proposait Rio Tinto, en exigeant un rabais important. Se retrouvant à la merci des prix du marché, les aciéries d'Etat chinoises s'en sont mordu les doigts puisqu'au final elles ont dû payer le minerai deux fois plus cher. L'inculpation des employés de Rio Tinto est dès lors apparue comme un règlement de comptes de l'Etat visan