A82 ans, Henri Martre est une figure de l'aéronautique. Ancien patron d'Aérospatiale (l'ex-branche française d'EADS), président du comité stratégique du Gifas (le groupement des industriels du secteur), il siège aussi au conseil d'administration de la Sogepa, la holding publique qui détient 15% d'EADS aux côtés de Lagardère (7,5%). Dans une lettre adressée le 11 décembre à l'Etat actionnaire, que Libération s'est procurée, il dénonce «un conflit majeur d'intérêts entre l'Etat et Lagardère». Et appelle le gouvernement à reprendre la main chez le géant franco-allemand de l'aéronautique (Airbus, Ariane, etc.) pour «faire prévaloir les intérêts stratégiques nationaux».
Henri Martre n’a pas souhaité répondre à nos questions. Mais il ne fait que coucher sur le papier les critiques récurrentes du milieu aéronautique sur l’absence d’Arnaud Lagardère. Celui-ci n’a jamais caché son désintérêt pour les avions, la grande passion de son père, Jean-Luc. Il a vendu la moitié de sa participation dans EADS en 2006, et répète qu’il se séparera du reste à la première occasion. L’héritier n’assiste plus guère aux conseils du groupe. Il envisage même de ne pas briguer la présidence du conseil d’administration d’EADS, qui doit lui revenir en 2012. Selon nos informations, il souhaiterait convaincre Philippe Camus, cogérant de Lagardère et ex-copatron d’EADS, d’abandonner la présidence d’Alcatel-Lucent pour assurer cette responsabilité à sa place.
«Court terme».