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Libération
Portrait

L’ascension à contrecœur d’un héritier

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Depuis la mort de son père, Arnaud Lagardère cumule les déboires, notamment avec EADS.
publié le 30 mars 2010 à 0h00

C'était au cours d'un dîner mondain au domicile familial, dans les années 80. Arnaud Lagardère, plutôt réservé, avait été placé à côté de Michel Rocard. Fils d'un des plus brillants physiciens français, celui-ci se penche soudain vers Arnaud et lui glisse à l'oreille : «Je sais ce que c'est, mon garçon : votre problème, c'est le père !»

Sans vouloir verser dans la psychologie de bas étage (quoique…), tout est là, dans la personnalité écrasante de ce père, Jean-Luc Lagardère, qui a su jouer de ses contacts privilégiés avec tous les présidents de la Ve République pour bâtir un empire reposant sur deux piliers, leviers d'influence et de pouvoir : les médias (Hachette, Europe 1…) et l'aéronautique (Matra). Le drame d'Arnaud, c'est que cet homme-là se croyait éternel. Jean-Luc n'imaginait pas qu'il mourrait un jour de 2003, d'une maladie nosocomiale attrapée au cours d'une opération de la hanche destinée à lui permettre de continuer à mettre des raclées à son fils sur les courts de tennis ! Un drame d'autant plus terrible pour Arnaud qu'il intervient peu de temps après que Jean-Luc a réussi le plus beau coup de sa carrière : mettre la main sur le fleuron de l'aéronautique française, Aérospatiale (constructeur des Airbus), agréger celui-ci à sa petite société Matra et fusionner le tout avec l'allemand Daimler au sein d'un groupe mondial, EADS, dans lequel l'Etat lui avait donné tout pouvoir pour représenter les intérêts français. Arnaud, qui n'a jamais caché son