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Libération

Les habits neufs de la crise financière

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publié le 6 avril 2010 à 0h00

Quel rôle ont joué les déséquilibres des balances commerciales et des flux financiers internationaux - en particulier le gigantesque déficit commercial américain à l’égard de la Chine - dans la genèse de la crise financière de 2008-2009 ? L’enjeu de cette question n’est pas qu’économique. Il est en large partie idéologique. Attribuer au taux d’épargne du migrant chinois, ou à l’accumulation excessive des réserves internationales des pays émergents, un rôle prépondérant dans la genèse de la crise financière, c’est aussi minorer le rôle des dérives du système financier américain et l’échec des autorités en charge de le réguler.

Dans un article récent, Ravi Jagannathan de l'université de Northwestern (Chicago, Etats-Unis), défend une thèse tonitruante. Pour expliquer la crise financière de 2008-2009, il faut identifier un choc majeur et ce choc se trouve en Chine avec l'arrivée sur le marché des facteurs de production mondiale d'une force de travail de 200 millions de Chinois, l'équivalent de la force de travail des Etats-Unis. Voilà la cause première et comme l'écrit Ravi Jagannathan : «La crise financière n'est qu'un symptôme et non le mal.» L'arrivée d'une telle force de travail capable de produire des biens exportables a généré une forte croissance des exportations chinoises.

Le taux d’épargne chinois a aussi crû considérablement ainsi que l’accumulation des réserves internationales de changes en Chine et dans le reste des pays émergents après la crise asiatique de 1