Total vient d'être mis en examen en tant que personne morale dans l'affaire dite «pétrole contre nourriture» en Irak. L'information était discrètement mentionnée dans le rapport annuel du groupe pétrolier publié la semaine dernière, puis rendue publique hier grâce à la vigilance des Echos.
Ce n'est pas une surprise. Depuis 2006, quatre dirigeants de Total - dont son patron Christophe de Margerie - sont poursuivis pénalement pour trafic d'influence et abus de biens sociaux. En août, le parquet soulevait un problème procédural : «L'information judiciaire ne permet pas de déterminer avec suffisamment de précision et de clarté leur participation personnelle et nominative. En l'absence d'auteurs identifiés, il paraît hasardeux de renvoyer des exécutants devant le tribunal correctionnel.» De fait, les dirigeants de Total se sont aimablement renvoyés la balle, à propos de la logistique et de la destination des commissions occultes destinées à récupérer du pétrole irakien, alors sous embargo.
Il existe une solution pour contourner l'obstacle : mettre en examen la société Total en tant que personne morale, pour l'ensemble de son œuvre. Mais le parquet, tout à sa volonté d'étouffer ce dossier encombrant, tient ce raisonnement curieux pour un organisme théoriquement en charge des poursuites : «A défaut d'avoir recherché la responsabilité pénale de la personne morale, il ne paraît pas possible de retenir la responsabilité de certains cadres comme complices.» Non