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Interview

Grèce : «Les gens se demandent si le pire n’est pas possible»

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L’économiste Alexandre Delaigue revient sur le fiasco du plan de sauvetage européen.
publié le 9 avril 2010 à 0h00

La Grèce s'enfonce dans la crise. Les taux des obligations d'Etat pour refinancer sa dette de 300 milliards d'euros ont explosé hier, pour toucher un niveau record (plus de 7,5%). Tandis que l'euro était encore attaqué. Ni le plan de «sauvetage» de l'UE ni le renfort du Fonds monétaire international (FMI) n'ont rassuré. Pas plus que les déclarations, hier, de Jean-Claude Trichet, patron de la Banque centrale européenne, pour qui un défaut de paiement est «hors de question». Entretien avec l'économiste Alexandre Delaigue, co-auteur de Nos Phobies économiques (1).

L’amplification de la crise grecque signifie-t-elle que le plan de sauvetage de l’Europe est un échec ?

L’Europe a fait un pari. Elle le perd aujourd’hui. Il s’agissait, il y a trois semaines, d’obtenir la confiance des marchés pour que ces derniers financent, à des taux raisonnables, la Grèce. Cela ne fonctionne pas. Un véritable plan de sauvetage supposait de débloquer des moyens financiers énormes. Et non pas de simples paroles. L’annonce de l’Europe n’était qu’un accord politique.

Un «véritable plan», c’est-à-dire ?

Selon les dernières prévisions du FMI, la Grèce aura, fin 2011, un ratio dette publique sur PIB de 150%. Avec ce ratio, on sait que les taux d’intérêt des obligations d’Etat ne peuvent qu’augmenter. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Et finalement, la proposition de l’UE, qui revenait à dire «si la Grèce ne parvient pas à se refinancer, l’Europe le fera pour elle aux taux du marché», ne convainc pas les marchés. Résultat : les taux d’intérêt montent car les marchés imaginent le pire.

Les marchés font-ils la loi en testant la résistance de l’Europe ?

La Grèce, pauvre petit pays attaqué par