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Libération
Interview

«La retraite, c’est devenu quelque chose d’utopique»

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Arnaud Schuler. 40 ans, cariste dans une usine automobile Valeo à Reims :
publié le 12 avril 2010 à 0h00

«Je commence à penser à ma retraite, parce que j’ai commencé à travailler tard et je sais que je n’aurai jamais les trimestres complets de cotisation, d’autant qu’on nous en rajoute tous les deux ans. Après mon service militaire et la fac, j’ai été au chômage deux ans, j’ai travaillé quatre ans dans une cartonnerie, j’ai démissionné, j’ai été à nouveau trois ans au chômage pendant lesquels j’ai fait de la musique. Et, depuis dix ans, je travaille chez Valeo le week-end de 5 heures à 17 heures, et huit heures un lundi sur deux. Je gagne en moyenne 1 600 euros par mois. A moins de cotiser pour une retraite privée, je serai vraisemblablement au minimum vieillesse.

La retraite, c’est devenu quelque chose d’utopique pour plein de gens de ma génération. Ça va poser un véritable problème dans quinze ou vingt ans. Je ne vois pas comment quelqu’un qui a fait des études et qui a été au chômage quelques années peut avoir une retraite si ce n’est à travailler jusqu’à 70 ans. Et, en usine en tout cas, c’est physiquement impossible. De toute façon, aujourd’hui déjà, on pousse les gens qui ont 55 ans vers la sortie. Eux-mêmes ne veulent pas rester. Ils sont usés, travaillent huit heures par jour depuis qu’ils ont 20 ans. Ils aspirent légitimement à être au repos. La pénibilité, c’est quelque chose qu’il faut vraiment prendre en compte, de même que l’espérance de vie, qui n’est pas la même selon qu’on est cadre ou ouvrier.

La réforme ne changera pas grand-chose. Cotiser plus, plus longtemps o