Une idée qui aurait été trouvée ringarde dans les années du néolibéralisme triomphant commence à faire son chemin : le moment n’est-il pas venu de relancer le Plan ? Le terme a certes été remisé au magasin idéologique de la défunte Union soviétique, tant il évoque une planification autoritaire et bureaucratique tournant à l’absurde et contribuant à la débâcle. Mais il ne faudrait pas oublier que la France, après guerre, a mis en place une planification souple, intelligente, et qui n’a été délaissée puis détruite qu’à partir des années 1990.
Le meilleur du Plan à la française est qu’il accordait une place centrale à la discussion longue et prolongée entre toutes sortes d’acteurs, responsables d’entreprises, syndicalistes, hauts fonctionnaires, experts, dirigeants politiques et associatifs, etc. Il était incitatif, comptant sur la négociation et l’intelligence des acteurs pour dessiner le cadre économique et social de la vie collective à venir avant que le pouvoir politique prenne les mesures permettant d’atteindre les objectifs. Pour redonner aux Français des repères sur ce que pourrait être un futur maîtrisé, une gauche responsable devrait envisager de recourir à un tel outil.
La première fonction d’un nouveau Plan serait d’affiner l’image de la société qu’il s’agit de promouvoir, de préciser la philosophie politique guidant l’action, d’indiquer les modalités générales du vivre ensemble qu’il s’agit de promouvoir.
Sa deuxième fonction serait d'inventer les indicateurs permettan