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Libération
Enquête

En Amazonie, tirs de barrage contre GDF-Suez

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Le groupe français est attaqué par les ONG pour la construction de la centrale hydroélectrique de Jirau, qui menace l’environnement et met en péril des groupes d’Indiens isolés.
Zone déforestée en Amazonie brésilienne, le 29 novembre 2009. (© AFP Antonio Scorza)
par Chantal Rayes, SAO PAULO, de notre correspondante
publié le 16 avril 2010 à 0h00

Le groupe GDF-Suez est sur la sellette au Brésil. Objet du conflit : le gigantesque barrage de Jirau, d’une capacité de 3 450 mégawatts, que le consortium Energia Sustentável do Brasil (ESBR), contrôlé par le groupe énergétique français, construit dans l’Etat du Rondônia. Ce barrage devrait entrer en exploitation d’ici deux ans sur le fleuve Madeira, le principal affluent de l’Amazone, et s’intègre dans un programme de construction de quatre centrales hydroélectriques sur cette rivière.

Des ONG brésiliennes et internationales, relayées en France dans le Monde par l'écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio et l'ethnologue Jean-Patrick Razon, de Survival International, accusent GDF-Suez de menacer la diversité biologique et socioculturelle de la région. Et notamment, expliquent-elles dans une lettre adressée le 13 janvier au PDG du groupe, Gérard Mestrallet, de mettre en danger la survie de groupes indiens isolés, qui refusent tout contact avec les Blancs.

La Funai, l'autorité publique chargée de la politique indigène au Brésil, a retrouvé des traces de ces groupes à une distance de 10 à 30 kilomètres du chantier de Jirau. Effrayés par les explosions sur le chantier, précise la Funai, ils ont déjà fui vers une zone occupée par des orpailleurs. Or le premier contact avec le monde des Blancs risque de leur être fatal. «Leur système immunitaire est faible, alerte Israel Vale, de l'ONG Kanindé. Une grippe peut les tuer. Sans parler des risques de conflit violent.»