Philosophe et professeure à l'Université américaine de Paris, Cynthia Fleury travaille sur les outils de la régulation démocratique. Elle vient de publier la Fin du courage (Fayard).
Est-on dans un régime maximaliste du principe de précaution ?
Il existe désormais une culture du non-risque qui traduit plutôt une progression de la démocratie. Cette exigence de protection légitime des citoyens pousse les politiques à endosser leur responsabilité de protection dans la transparence, ce qui n’a pas toujours été le cas, comme l’a montré Tchernobyl, qui restera un tournant par la puissance de son traumatisme. Personne ne veut voir resurgir ce triomphe du scientisme et la dissimulation des fautes comme de la dangerosité du nuage nucléaire. La crise de la vache folle a aussi permis des avancées : une meilleure traçabilité de la chaîne alimentaire. Après, le problème, c’est la «juste régulation»…
Qui peut prendre quel contour ?
Il vaut mieux un excès de responsabilité qu’une absence de précaution. On a fustigé à juste titre la surdramatisation de la grippe A. Mais faut-il condamner le fait qu’il y ait eu trop peu de morts ou s’en féliciter ? Il faut corriger les excès pour tenter de trouver une meilleure coordination entre politiques et scientifiques. Ou mettre en place des outils d’aide à la décision, comme peut l’être le Giec, le groupe d’experts sur l’évolution du climat.
Les sceptiques dénoncent là aussi leurs préconisations, un «principe de précaution»…
C’est surtout un principe de réalité qui s’est élaboré scientifiquement, politiquement, économiquement et qui conclut que la température augmentera au-delà des 2° C si l’homme ne diminue pas les gaz