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Libération
Interview

«Un plan entre demi-solidarité et demi-exploitation»

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Kostas Vergopoulous, professeur d’économie, revient sur la «mise sous tutelle» de la Grèce :
publié le 24 avril 2010 à 0h00

Kostas Vergopoulos est professeur d’économie à l’université Paris-VIII. Entretien.

Comment analysez-vous l’acceptation par la Grèce du plan UE-FMI ?

On peut s’interroger, comme l’a fait Martin Schulz, président du groupe socialiste au Parlement européen, sur la profitabilité déloyale entre pays européens, théoriquement partenaires dans la même zone monétaire. A commencer par l’Allemagne, qui peut emprunter à 2% et prêter à la Grèce à 5%… Le plan tient de la demi-solidarité ou de la demi-exploitation. On peut aussi s’inquiéter de voir la Grèce placée sous tutelle. Ce plan entraîne une érosion de la souveraineté nationale puisqu’il est conditionné à un droit de regard dans l’élaboration du budget. Des licenciements massifs sans précédent s’annoncent.

Pourquoi la majorité des Grecs s’alarment-ils de l’arrivée du FMI ?

Parce qu’ils vivent cela comme une humiliation. Qu’ils ont compris que la compression du déficit public sera payée par les plus démunis et le secteur public. Et qu’ils redoutent aussi la récession à venir, une récession qui n’est pas un simple inconvénient, mais qui semble plutôt l’objectif principal de ce plan d’austérité. En effet, l’idée est de rétablir la balance commerciale, rendre les produits grecs plus compétitifs. Il va donc falloir licencier. Or, si le PIB chute de 4%, la dette sera impayable et on devra la renégocier. Plutôt qu’une politique restrictive, il faudrait initier une vraie politique de relance…

«Personne ne connaît ni le nombre exact de fonctionnaires ni l’ampleur réelle de la fraude fiscale, estimée entre 25% et 40% du PIB», nous a confié Transparency International Grèce…

Arrêtons avec la mythologie : la fonction publique grecque, c’est 18% de la population active ; elle touche 14% du PIB. En France, elle représente 25% de la population active et ponctio