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Libération

Pendant l’éruption, les inégalités continuent

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publié le 27 avril 2010 à 0h00

Le week-end dernier, d’après le Quai d’Orsay, 20 000 à 25 000 Français restaient encore coincés à l’étranger, dans l’attente d’un vol leur permettant de regagner leur domicile, leur travail, leur vie quotidienne. Aucun d’entre eux n’aurait pu concevoir qu’il y a dix jours, l’éruption d’un volcan islandais allait entraîner, par précaution, l’annulation de tous les vols à destination des plus grands aéroports européens.

Parmi ces Français qui voyagent à l’étranger vers des destinations lointaines, les principales victimes sont les moins fortunés. Ceux qui peuvent utiliser les lignes régulières des grandes compagnies aériennes ont pu, pour la plupart, rentrer sans trop d’entraves. Les autres, ni trop pauvres pour ne pas voyager, ni assez riches pour le faire au prix fort, connaissent désormais intimement le coût du principe de précaution.

Dans Libération du 20 avril, Cynthia Fleury, qui enseigne la philosophie à l'Université américaine de Paris, défendait la décision de fermer le ciel européen au nom d'un principe a priori incontestable : «Il vaut mieux un excès de responsabilité qu'une absence de précaution.» Revenant sur la dramatisation de la grippe A, elle posait cette bonne question : «Faut-il condamner le fait qu'il y ait eu trop peu de morts ou s'en féliciter ?» Seul un monstre en effet pourrait regretter qu'il y ait eu «trop peu de morts» causés par la grippe A. De même, l'interdiction de survoler les pays touchés par le nuage de cendre