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Interview

«Sans dysfonctionnement de l’UE, il n’y aurait pas d’affaire grecque»

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L’économiste Jean-Paul Fitoussi regrette que l’Europe ait laissé la main aux marchés :
publié le 27 avril 2010 à 0h00

Quand l'odyssée de la Grèce va-t-elle finir ? Hier, la spéculation a repris contre la dette d'Athènes et les taux ont battu un nouveau record. Ce pays lourdement endetté aurait pu espérer un répit. Vendredi, Georges Papandréou, le Premier ministre grec, s'était en effet résolu à demander l'activation du plan de soutien élaboré par l'Union européenne, pour un apport de 30 milliards d'euros, avec le concours du Fonds monétaire international (FMI) pour 15 milliards. Mais les négociations en cours pour obtenir de la Grèce de nouvelles purges dans ses dépenses sont surveillées de près par l'Allemagne, pas ravie d'avoir à ouvrir son porte-monnaie. Hier pourtant, Angela Merkel, la chancelière allemande, a assoupli son attitude : «Je le dis clairement, l'Allemagne va aider [la Grèce, ndlr] si les conditions sont remplies.» Il y a urgence. Athènes a besoin de 10 milliards d'euros avant la fin mai pour faire face à des échéances de remboursements. A quand le tour du Portugal où la spéculation a repris, faisant flamber les taux d'intérêt ? Explications de Jean-Paul Fitoussi, président de l'OFCE, l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Pourquoi la Grèce est-elle à nouveau en difficulté alors qu’elle est sur le point d’être aidée ?

Il faut bien comprendre l’esprit des marchés. Les atermoiements de la zone euro, et surtout le quasi refus de l’Allemagne de s’engager vis-à-vis de la Grèce, rendent d’autant plus vulnérable la situation de celle-ci. Les marchés - dont la vocation est de spéculer - ont compris que l’Allemagne se sert de cet épisode pour cont