Décembre 1997, New York. La banque JP Morgan présente dans le salon d'un grand hôtel un produit révolutionnaire : le Collateralized Debt Obligations (CDO) synthétique. Il s'agit alors pour la banque américaine de transférer à des investisseurs externes, via des produits dérivés, le risque de défaut d'une partie de son portefeuille d'obligations. Le produit est offert par tranches : de la tranche la plus junior qui absorbe les premières pertes à la plus senior qui couvre le risque d'un défaut généralisé.
Le vendeur de JP Morgan est extatique : «Ce que nous vous offrons, c'est la possibilité unique de posséder indirectement une partie du portefeuille fabuleux de JP Morgan.»
Un sceptique ose alors la question suivante : «Et qu'est-ce qui nous dit qu'il ne s'agit pas de la poubelle de JP Morgan ?» La réponse est cinglante : «Si tel était le cas, jamais les agences de notation n'auraient accepté de donner une notation AAA à la tranche la plus senior.»
Le sceptique avait raison avant l’heure mais la danse des CDOs synthétiques était lancée. Elle durera jusqu’à la crise financière de l’automne 2008. Elle vient désormais d’entrer dans son épilogue judiciaire avec la mise en examen pour fraude au civil et au pénal de la banque Goldman Sachs.
La fraude dont est accusée Goldman Sachs est souvent résumée de la façon suivante : Goldman aurait sciemment vendu à des investisseurs un CDO synthétique lié au risque de prêts immobiliers - Abacus - qu’elle savait