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Libération

A Athènes, la colère dérape

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Trois personnes ont été tuées hier dans un incendie provoqué par des émeutiers qui manifestaient contre le plan de rigueur.
par Jean Quatremer, Envoyés spéciaux à Athènes et Philippe Cergel
publié le 6 mai 2010 à 0h00

«La Grèce est au bord du gouffre.» C'est par ses mots que le président grec, Carolos Papoulias, a conclu la journée d'hier, où la grève générale contre le plan d'austérité a fini par dégénérer en violences, causant la mort de trois personnes.

Tout s'est passé très vite. Aux alentours de 13 heures, alors que les 50 000 manifestants étaient sur le point de se disperser, quelques dizaines d'émeutiers se déchaînent place Syntagma, devant le Parlement, dans le centre d'Athènes, et dans les rues adjacentes. Violents, bien équipés et organisés, majoritairement jeunes, ces «anarchistes», comme les appellent les Grecs, s'attaquent aux devantures des magasins et des banques et aux forces antiémeute (à pied et à moto). Une chorégraphie sans surprise s'engage. Mais vers 13 heures, un groupe d'émeutiers lance des cocktails Molotov à travers la vitrine brisée d'une agence de la banque Marfin, au 23 de la rue Stadiou, prenant au piège des employés qui n'observaient pas la «grève générale». Un mouvement décrété par les syndicats pour protester contre le plan de rigueur sans précédent imposé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) en échange d'une série de prêts d'un montant total de 110 milliards d'euros. Et qui a mobilisé plusieurs villes dans tout le pays, notamment à Thessalonique.

A Athènes, Christos explique qu'après les Molotov, il a vu des «jeunes, cagoulés, jeter de l'essence qui s'est enflammée, ce qui a provoqué l'incendie». Il dit