La spirale du pire. Une grève générale qui dégénère, une banque incendiée, trois victimes, et des manifestations destinées à se poursuivre. Combien d’actes nous réserve encore la tragédie grecque ? La violence qui a éclaté dans les rues d’Athènes est le symptôme d’un pays acculé et qui ne croit plus en l’avenir. Les Grecs en veulent d’abord à leurs gouvernements, de tous bords, historiquement minés par la corruption et le laisser-faire, et dont ils savent qu’ils ont précipité la crise en truquant les chiffres de la dette. Les Grecs en veulent à l’Allemagne, perçue comme le moteur réticent d’une Europe conditionnant son aide à une rigueur qui étouffe avant tout la classe moyenne et les fonctionnaires. Les Grecs en veulent aux marchés qui spéculent sur leur malheur sans aucun scrupule. Ramassant les bénéfices au passage.
Tous les ingrédients d’un chaos européen sont réunis. Sous la pression de la rue, le Premier ministre, Papandréou, n’a pourtant guère de marge de manœuvre : il doit imposer son programme d’austérité. Dans le cas contraire, c’est tout le plan d’aide de l’UE et du FMI qui pourrait exploser en vol. On ose à peine envisager une contagion de la crise au Portugal ou à l’Espagne, et la panique qui s’en suivrait. Certes, à en croire le rassurant Jean-Claude Juncker, la zone euro résistera. Mais comment ne pas émettre un certain doute sur ces optimistes prévisions ? A trop avoir tergiversé pour sauver la Grèce, l’Europe fait aujourd’hui face à un cataclysme qu’elle