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INTERVIEW

«La panique est contagieuse»

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André Orléan est directeur de recherche au CNRS et membre de l’Ecole d’économie de Paris. Il analyse les comportements de mimétisme régissant les marchés financiers.
publié le 8 mai 2010 à 0h00
(mis à jour le 8 mai 2010 à 9h44)

André Orléan est directeur de recherche au CNRS et membre de l’Ecole d’économie de Paris. Il analyse les comportements de mimétisme régissant les marchés financiers. Entretien.

Vous dites que les marchés financiers subissent une forme d’auto-intoxication collective ?

Ce qui est certain, c’est que nous sommes confrontés à une grande incertitude. Plusieurs scénarios sont possibles : reprise de la croissance ou nouvelle crise. Le choix qu’opère le marché n’est pas le résultat d’une délibération rationnelle, mûrement réfléchie, mais le produit d’une dynamique collective où chacun cherche à anticiper ce que les autres pensent. C’est un processus profondément mimétique qui exacerbe les tendances. On peut parler d’une auto-intoxication alors qu’on pense le plus souvent que les marchés reflètent une réalité à partir des indicateurs statistiques.

Ce n’est pas le cas ?

Non. En fait, la multiplicité des indicateurs décrit une réalité contradictoire. D’ailleurs, on nous expliquait, vendredi matin, que les marchés européens et américains attendaient avec angoisse les chiffres de création d’emplois aux Etats-Unis pour le mois d’avril. A moins de 200 000 emplois, nous devions nous attendre au pire. Ce fut 290 000 créations d’emplois… Ce qui devait être une bonne nouvelle a été, finalement, sans effet ! Pire encore. Un climat général de défiance s’est exprimé vendredi.

Pourquoi ?

Les marchés financiers sont atypiques. Le drame de la finance peut se résumer en une formule simple. Dans n’importe quel marché de fruits et légumes ou d’automobiles, la hausse des prix tend ordinairement à faire baisser la demande et à au