C'était le pilier du sarkozysme. Celui que rien ne pourrait ébranler. Mais depuis que le gouvernement a révélé, dimanche, vouloir mettre à contribution les hauts revenus et ceux du capital pour boucler sa réforme des retraites, l'inoxydable bouclier fiscal, qui avait résisté à toutes les vagues de polémiques, s'est fissuré. Hier, dans la majorité, il n'y avait plus guère que Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l'UMP, pour défendre l'indéfendable en expliquant que le bouclier, qui prévoit que les impôts d'un contribuable ne peuvent dépasser 50% de ses revenus, n'était pas «remis en cause», juste «solidifié» (lire page 4). Mais le gouvernement et sa majorité ne se font plus d'illusions : boucler la réforme des retraites et tenir les engagements européens en matière de réduction des déficits publics sans augmenter les impôts relèverait de la prestidigitation macroéconomique.
«Irréaliste». Officiellement, Nicolas Sarkozy ne veut pas en entendre parler. Il l'a redit le 10 mai lors du sommet social à l'Elysée : «Croire, comme trop souvent dans le passé, que la hausse des prélèvements obligatoires pourrait être la réponse à toutes nos difficultés» n'est pas «souhaitable», a-t-il expliqué. «Ce serait réduire le niveau de vie des Français». Priorité est donc donnée aux coupes tous azimuts dans la dépense de l'Etat pour réduire le déficit public et parvenir à l'objectif colossal de ramener celui-ci à 3 %du PIB en 2013 (8 % aujourd