Cela devait être une consécration. Elle a tourné au cauchemar pour Pierre-Henri Gourgeon. Le 1er janvier 2009, le numéro deux d'Air France succédait à Jean-Cyril Spinetta, devenu président du conseil d'administration. Depuis, il a dû encaisser la crise, le crash du Rio-Paris, le nuage volcanique… Et la montée des critiques, sur fond de nostalgie. «Il n'a vraiment pas eu de chance, confie un administrateur. Et c'est difficile d'arriver après une figure comme Spinetta.»
«Il fait peur». Polytechnicien, Gourgeon, 64 ans, est un drogué des chiffres à la compétence incontestée. Mais son «caractère de cochon» (dixit un pilote) tranche avec le sens du dialogue et la fibre sociale de son prédécesseur. «Il ne cherche pas à écouter mais à imposer son point de vue», regrette un syndicaliste. «Il fait peur, même à ses managers», ajoute un habitué du siège.
Plus que sa personnalité, c’est l’action du patron qui cristallise la grogne. Le débarquement brutal de Pascal de Izaguirre, chef des activités au sol et proche de Nicolas Sarkozy, a choqué en interne. Les pilotes ont critiqué son déficit de communication lors du crash Rio-Paris et son manque de vigueur dans la réforme de la politique de sécurité. Pierre-Henri Gourgeon a dû leur sacrifier son numéro deux, Gilbert Rovetto.
Syndicats et analystes reprochent aussi au patron d'avoir diagnostiqué trop tard la menace des compagnies à bas coûts. Et surtout d'avoir lancé une riposte