La modernité a ses prérequis électroménagers incontournables. En une dizaine d’années, la cafetière-filtre s’est, dans 2,3 millions de foyers français, effacée au profit de la machine Nespresso. Les fans du café en capsule ont poussé l’audace postmoderne jusqu’à déménager la machine dans leur salon, ornant ici un marbre de cheminée, là une table tout à son effigie. La multinationale agroalimentaire Nestlé, décidée à surfer sur ce premier succès, proposera, dès septembre en France, une Nespresso à thé : Spécial T. On prend le même concept et on l’applique à une boisson qui, jusque-là, s’était toujours passée de machine. Les Chinois de l’Antiquité se retournent dans leur tombe mais ceux qui seront à cours d’idée cadeau à la veille de Noël sauront apprécier. Décryptage de la dernière offensive consumériste.
Le thé, un marché de géants. A un moment où le monopole de Nespresso est attaqué par pas moins de trois capsules concurrentes (sorties entre mars et juin), Nestlé devait réagir. Absent jusqu'alors du marché du thé, le groupe planchait sur sa machine depuis trois ans. «Le marché représente 4 milliards d'euros en Europe et 500 millions d'euros en France», explique Petraea Heynike, directrice générale de Nestlé en charge du marketing et des ventes. C'est moins que le café (12,8 milliards d'euros en Europe), mais tout de même. Quelques géants se partagent le gâteau. Avec sa marque Lipton, le groupe Unilever détient près de la moitié du marché du thé en g