Pour le meilleur comme pour le pire, le capital ne connaît pas de frontières. Pour le meilleur, lorsqu’il se dirige vers des pays à forte croissance, qui pour la plupart ont un grand besoin de capitaux pour financer des investissements productifs. Pour le pire, lorsqu’il cherche une rentabilité rapide ou qu’il veut simplement échapper à des impôts jugés trop élevés.
On connaît la rengaine des arguments en faveur du bouclier fiscal : il inciterait les riches à rapatrier leurs capitaux en France. De ce point de vue, Nicolas Sarkozy avait raison de dire que le bouclier fiscal n’avait de sens que s’il était totalement imperméable. Mais il ne suffit pas qu’il protège contre l’impôt : encore faut-il que sa protection soit durable. Pour décider de domicilier à nouveau une fortune en France, son détenteur doit penser qu’il sera épargné par les taxes, non seulement aujourd’hui, mais également dans les prochaines années.
Or, le moins qu’on puisse dire est que le bouclier fiscal ne fait pas l’unanimité, ni au sein de l’opinion publique ni au sein de la classe politique. De plus en plus de responsables politiques de droite ou du centre droit joignent leurs voix à celles de la gauche pour réclamer, qui sa suspension temporaire, qui son abrogation pure et simple. On peut raisonnablement prévoir qu’il subira ce sort, tôt ou tard, et en tout cas lors du prochain changement de majorité. Pourquoi s’étonner qu’aucun chiffre ne montre qu’il ait eu le moindre impact sur les fortunes expatriées ? C