Menu
Libération
Analyse

Retraites : les ouvriers paieront l’addition

Article réservé aux abonnés
La prolongation de la vie professionnelle afin de financer les retraites est désormais évoquée en public par le gouvernement.
Le bon fonctionnement du marché du travail passe par des mobilités choisies parmi les salariés, trop rares en France, juge un rapport publié jeudi par le Conseil d'analyse économique (CAE) qui formule des propositions iconoclastes pour sécuriser ces changements d'emploi. (© AFP Sébastien Bozon)
publié le 26 mai 2010 à 0h00

L

a France s'apprête à refermer une parenthèse - bientôt mythique - de son histoire sociale. Vingt-sept ans après la mise en place de la retraite à 60 ans par la gauche, la droite prépare les esprits à un report à 62 ou 63 ans de l'âge légal de départ. Distillée depuis plusieurs semaines par la majorité, sous forme de fuites savamment calibrées dans la presse, la remise en cause de cette conquête sociale est «vendue» comme la juste compensation d'un allongement de l'espérance de vie. «Il faut agir […] sur l'âge de départ», a même avoué clairement le ministre du Travail Eric Woerth, dans une interview hier sur le site de Paris-Match. Problème : même si cette mesure devrait s'accompagner d'un allongement de la durée de cotisation (peut-être 43,5 ans en 2050), elle n'aura pas les mêmes effets pour tout le monde. Et devrait pénaliser avant tout ceux qui ont commencé à travailler tôt, et qui sont précisément ceux dont l'espérance de vie est la plus courte…

Que prévoit le projet de réforme du gouvernement?

Selon les dernières pistes non officielles du gouvernement, évoquées samedi sur lesechos.fr, la réforme serait progressive, mais applicable dès le 1er janvier 2011. Si le report de l'âge légal se fait à raison d'un trimestre par génération, celle née en 1951 serait la première touchée, et ne pourrait partir, l'an prochain, avant l'âge de 60 ans et trois mois. En cas de report jusqu'à 62 ans, la génération née en 1958 ne pourra liquider sa pensio