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Libération
Reportage

A Dunkerque, les «Total» faiblissent

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La grève à la raffinerie des Flandres, dont l’activité a cessé, dure depuis le 12 janvier. Accablés, les employés attendent l’appel du procès contre le pétrolier, aujourd’hui à Douai.
publié le 28 mai 2010 à 0h00

Sous la cabane de bâches, devant la raffinerie Total de Dunkerque, les grévistes ont remis le poêle en route. Ils ont passé l'hiver ici, entre leur usine et cette cabane de fortune, marquée «interdit aux non-grévistes» à la peinture jaune. Chaussures de sécurité, combinaison bleue, talkie-walkie… Certains font des allers-retours entre l'usine et le piquet de grève, payés pour assurer des tournées de sécurité sur le site Seveso : «ordre du sous-préfet.» Le reste du temps, ils attendent. Au chaud dans la pénombre, ils s'enfoncent dans les fauteuils de récup, regardent d'un œil Amour, gloire et beauté, envoient des textos, tapent une belote.

Leur raffinerie est à l'arrêt depuis septembre. Eux, ils sont en grève depuis le 12 janvier. La fin de l'activité raffinage du site - 7 millions de tonnes de brut par an à Dunkerque -, d'abord envisagée en décembre, est officielle depuis mars. Motif : «surcapacité», dit la direction de Total. Les syndicats traduisent : «Délocalisation.» Ils ont en tête la raffinerie de 21 millions de tonnes que Total construite à Jubail, en Arabie Saoudite. Ce matin, ils seront à Douai devant la cour d'appel, pour demander aux juges de faire redémarrer leur usine. En première instance, la direction avait été condamnée à quelques milliers d'euros d'amende, pour «délit d'entrave» : elle n'avait pas consulté les salariés avant d'envisager la fermeture. Mais le juge n'avait pas obligé Total à redémarrer.

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